Le Plafond de verre (*)
Paul est auditeur interne dans une société d'importance internationale
Approchant la cinquantaine, je me suis marié tard et je sais que ma situation familiale va m'obliger à travailler longtemps, certainement jusqu'au moins l'âge de 70 ans.
Cela me soucie d'autant que j'ai le sentiment de ne plus parvenir à progresser professionnellement, risquant ainsi d'être confronté à un "accident professionnel". Du coup, je me crispe sur un besoin de rationaliser et de contrôler les choses. Et manifestement, cela ne convient pas à mes entourages.
C'est ainsi que je suis amené à rencontrer Alain.
La compréhension de mon fonctionnement et les conséquences qui en découlent
Pour moi, l'Autre c'est l'Enfer, aurait dit Jean-Paul (Sartre). Il est une source de perte de temps et de perturbations dans une organisation qui fonctionne.
Mais dès les deux premières séances, je me rends compte que mon métier d'auditeur interne m'oblige tout de même à compter avec les personnes, au-delà de la mise en œuvre de nos compétences respectives. Et j'apprends à le faire. Cela fonctionne rapidement, modifiant mes relations avec mon entourage professionnel, à mon grand soulagement et non moins grand étonnement.
Les 6 séances suivantes vont me permettre :
- De réconcilier la dimension humaine avec la trajectoire socioprofes-sionnelle : je vais mettre en application la dimension "relation" avec mes collègues.
- De prendre conscience que mes compétences et mes qualités sont mal reconnues et mal rémunérées par rapport au poste que j'occupe.
- D'apprendre à utiliser ma sensibilité sans être gêné par une trop grande émotivité. Je comprends que ma réussite sociale et professionnelle n'est pas une trahison de mes origines modestes.
- De m'approprier mes qualités propres et de voir en quoi elles sont des atouts pour progresser dans ma vie professionnelle et dans ma vie personnelle.
- De mettre en évidence ce au nom de quoi je fonctionne : l'instinct de survie, le traitement des éléments qui s'opposent à la vie, au progrès, à l'amélioration des choses, quel que soit le domaine. Ces deux éléments se trouvent tout à fait bien adaptés à l'activité d'audit interne que je pratique.
- De voir que je fonde mes relations sur des jugements de valeur et non sur des faits, contrairement à ce que je fais au cours de mes diagnostics techniques.
- De me rendre aussi compte que la peur que je peux vouloir inspirer n'est pas un levier efficace pour mobiliser et motiver mes collègues, et les êtres humains en général.
- De terminer cette étape en recadrant certaines valeurs et motivations qui touchent à des croyances sur la volonté et sur le sentiment que j'ai d'être à la fois en décalage avec mon milieu d'origine et avec mon milieu professionnel.
Le recentrage sur mes motivations essentielles
Au cours des 7 séances suivantes, le processus de changement en profondeur s'amorce : je cesse d'être dans la crainte, dans l'impulsivité, dans la critique tout en me justifiant. J'acquiers de la souplesse dans mes réactions vis-à-vis d'autrui, et je deviens capable de prendre du recul par rapport à certains collègues.
D'autres changements se produisent :
- Je prends conscience des valeurs qui me portent : l'accomplissement, la justice, la solidarité, la vie familiale.
- Je commence aussi à reconnaître mes qualités : la générosité, le fair-play, le sens de l'intérêt commun, l'ouverture d'esprit. Mes valeurs et mes qualités
trouvent des expressions concrètes dans l'exercice de mon métier d'auditeur interne.
Cela m'aide à me rendre compte des changements que j'opère dans ma vie quotidienne et à les installer de manière pérenne. - Le plafond de verre qui me pesait tant commence à s'alléger. Je me dis que je pourrais exercer mes talents à des niveaux hiérarchiques plus élevés et
prendre de nouvelles responsabilités.
Pour concrétiser les désirs d'évolution qui commencent à me titiller, Alain me demande de lister mes expériences professionnelles, mes savoirs, et de faire les ponts entre les deux. L'objectif est que je fasse émerger un profil professionnel de façon explicite. - C'est même une véritable vocation, comme une Mission, qui sortira de ce travail.
Pour moi, ce qui est important dans ma vie professionnelle, c'est de bouger et faire bouger. Je fais le lien avec de multiples situations professionnelles ou personnelles qui montrent à quel point je bouge et je fais bouger les choses et les gens. Ce que je crains le plus dans toute situation, en particulier professionnelle, c'est de rester scotché. De me sentir coincé dans une routine et de tourner en rond. - A ce stade, nous recadrons ce qui me freine et m'empêche de me projeter dans l'avenir de façon évolutive. Je me sens parfois comme étranger dans mon
environnement, je crains de trahir mon milieu d'origine. N'étant pas assuré d'être en conformité avec mes racines, je ne se sens pas libre de me projeter dans mon futur, et donc de faire ce qu'il
faut pour satisfaire de légitimes ambitions.
En réexaminant ma place dans mon histoire familiale, je me libère de mes craintes de trahison. Et après une interruption de six semaines, je reviens en commençant à entrevoir des possibilités d'évolution. Le plafond de verre s'estompe. J'ai quitté définitivement la peur, j'ai pris de l'assurance et je me sens plus serein, plus calme et aussi plus ouvert aux autres. - Du coup, je prends conscience de posséder deux éléments qui font une partie de ma Valeur Ajoutée (VA) professionnelle :
ü Le sens des enjeux et de la vision stratégique
ü Une expérience de terrain et diversifiée, contrairement à la plupart de mes collègues.
- Je constate aussi que je tiens beaucoup mieux compte de mes émotions et que cela me donne une bien meilleure efficacité dans mes relations avec mon entourage.
Le positionnement et les objectifs
Jusqu'à présent, je me suis plutôt laisser porter par les événements, saisissant avec à-propos et une certaine réussite les opportunités qui pouvaient se présenter. Je sens que cette façon de faire a atteint ses limites. A 47 ans, je prends conscience de mes potentialités au travers de ce coaching, avec des charges de famille que je devrai assumer de longues années encore. J'arrive au tournant délicat pour les quinquagénaires dans les entreprises en France. Je dois me donner de vraies perspectives et me donner les moyens de continuer à évoluer.
Deux éléments vont être décisifs au cours de cette étape, dont chacun prendront plusieurs séances :
-
Questionner le rêve que je porte en moi, le désir suffisamment puissant qui me pousse jusqu'à présent au travers de mon parcours professionnel.
Mes expériences de marin de plaisance, d'officier de cavalerie (les blindés), de créateur d'une filiale à l'étranger pour une société financière de premier plan, et même celle d'audit interne que je vis actuellement me montrent toutes la même chose : mon rêve intime est d'être à la barre et de tracer ma propre route, en tenant compte des éléments, naturels ou circonstanciels.
Je me rends compte que bien souvent j'agis comme un révélateur de dysfonctionnement, voire un "poseur de bombes". Au fil du travail, les relations que j'entretiens avec mes collègues, y compris ceux dont je suis amené à auditer le travail, s'harmonisent. Au point, que je commence à intervenir aussi comme animateur pour mettre en place certaines préconisations que je fais. Tout ce travail aboutit à ce que je formule une clé, un fil rouge, un modèle de mon fonctionnement : "Je tiens la barre pour bouger, faire bouger et emmener les gens". -
Valoriser mes compétences, dont je remarque bien qu'elles sont sous employées et, par conséquent, sous payées dans mon poste d'audit interne.
J'ai encore un peu de mal à penser que je vaux quelque chose au travers de mes compétences. Comme si ce que je gagne est déjà bien pour quelqu'un comme moi, qui vient d'un milieu modeste.
La formulation de mes compétences par écrit, l'émergence d'un profil professionnel précis qui en découle permettent de poser la question : "Si vous deviez vous positionner sur le marché de l'emploi, dans votre domaine de compétences, à quel salaire pourriez-vous prétendre ?". La réponse donnée, compte tenu de ce que je peux savoir de mon marché de l'emploi, multiplie mon salaire actuel par 2,5.
Jusqu'à présent, je banalise mes performances professionnelles, les considérants comme allant de soi, alors qu'elles affichent des résultats dépassant les objectifs.
A partir du moment où j'ai compris ce que je vaux réellement et concrètement, j'ai décidé de valoriser mes compétences. Soit en interne, en profitant des opportunités d'évolution, qui vont d'ailleurs se présenter au cours des mois qui suivent; soit en externe, en me remettant sur le marché de l'emploi et en actualisant mon CV.
La fin du coaching
Les quatre dernières séances de mon coaching confortent la confiance que je prends en mes capacités et m'aident à voir à quel point les relations avec mes collègues et ma hiérarchie ont changées.
Il m'apparait évident que :
- Je m'ouvre à une véritable tolérance à l'égard des autres.
- J'ai développé au cours de ce coaching un impact sur mon entourage et un charisme qui devraient me permettre d'exercer des responsabilités à hauteur de mes compétences.
- Et je me trouve dans la nécessité de mettre en place une stratégie active pour bouger professionnellement.
- Je me sens beaucoup mieux intégré, mes actions sont mieux acceptées par mes collègues et ma hiérarchie. J'ai même des retours inattendus sur mon travail de la part de la direction européenne de mon groupe.
- Je gère mieux mes émotions et j'en tire une meilleure efficacité.
Je prends alors les décisions suivantes :
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Observer l'évolution interne de ma société afin de saisir l'opportunité d'un nouveau positionnement.
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Activer mon réseau relationnel à l'extérieur de l'entreprise.
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Affiner mon profil et retravailler mon CV afin de me mettre en positon :
ü Soit de négocier un poste à plus hautes responsabilités en interne ou à l'extérieur de l'entreprise.
ü Soit d'envisager sérieusement de proposer mes compétences comme consultant.
Ma conclusion de coach
L'expérience, les expériences de Paul sont l'expression de ses compétences, de ses qualités, de ses capacités, de ce qu'il porte de plus moteur en lui. Quand ses richesses sont perçues, elles donnent tout leur sens aux directions qu'il prend pour sa vie professionnelle. IL peut alors se fixer des objectifs, avec toutes les chances de les atteindre.
Combien de temps pour obtenir ce changement ? 46 heures 30, soit 31 séances d'1h 30, réparties sur 9 mois.
(*) Le plafond de verre (de l'anglais glass ceiling) est une expression apparue aux États-Unis à la fin des années 1970. Elle reprend une notion présente dans le film d'Elia Kazan, Le Mur invisible (1947). Elle s'est fait connaître en 1986 suite à un article publié dans le Wall Street Journal ; elle désigne le fait que, dans une structure hiérarchique, les niveaux supérieurs ne sont pas accessibles à certaines catégories de personnes. Bien que dans cet article, l'expression était utilisée pour souligner la difficulté d'accès des femmes aux postes supérieurs, elle est utilisée depuis pour d'autres catégories de personnes.
Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article Plafond de verre de Wikipédia en français (auteurs)